Photo courtoisie de la famille André
« Depuis que je vis au lac John, certains de mes enfants sont allés à l’école et certains ne sont allés qu’à l’hôtel. Mes enfants qui vont à l’école m’ont souvent dit, de retour au lac John : « On se moque de nous à l’école, les enfants blancs rient de nous et les professeurs nous insultent eux aussi. » Quant à mes enfants qui vont à l’hôtel en ville, il y eut des nuits entières où je n’ai pas du tout dormi parce que j’attendais qu’ils rentrent à la maison. »
– An Antane Kapesh, Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu, Leméac, 1976
Biographie
Véritable monument de la littérature des Premières Nations, An Antane Kapesh est la toute première femme autochtone à publier un livre en français et en innu-aimun au Canada. Née en 1926 dans le Grand Nord, elle vit de façon traditionnelle jusqu’à la fin de la vingtaine. Sa vie bascule en 1953 lorsque le gouvernement déracine sa famille de ses terres. Commence alors son long combat pour la préservation des territoires, de la culture et de la langue des Innus. Ce combat l’amène à devenir la première femme chef de la communauté de Matimekosh de 1965 à 1967. Ses livres Je suis une maudite Sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu (Leméac, 1976) et Qu’as-tu fait de mon pays ? / Tante nana etutamin nitassi ? (Éditions Impossible, 1979) relatent sa vie et sa pensée sur l’histoire des Innus. Ils dénoncent avec vigueur les abus du système colonial et les impacts de la colonisation chez les premiers occupants. Ses livres sont encore étudiés dans de nombreuses universités et sont toujours en demande chez le grand public. Antane Kapesh a aussi publié dans différentes revues. Mère de neuf enfants, elle décède à Sept-Îles en 2004. Gardienne de la pensée innue, elle a inspiré de nombreux écrivains, poètes et artistes de la nouvelle génération.
Livres
Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu, Montréal, Leméac, 1976 [rééditions : Je suis une maudite sauvagesse : Indiennes d’Amérique du Nord, Paris, Éditions des femmes, 1982; Eukuannin matshimanitu Innu-iskueu / Je suis une maudite Sauvagesse, Chicoutimi, Éditions du CAAS, 2015; Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite Sauvagesse, Montréal, Mémoire d’encrier, 2019 (édité et préfacé par Naomi Fontaine)].
Qu’as-tu fait de mon pays ? / Tante nana etutamin nitassi?, Vaudreuil, Éditions Impossible, 1979 (deux volumes) [rééditions : Tanite nana etutamin nitassi?, Sept-Îles, ICEM, 2014; Tanite nana etutamin nitassi? / Qu’as-tu fait de mon pays ?, Chicoutimi, Éditions du CAAS, 2015; Tanite nene etutamin nitassi? / Qu’as-tu fait de mon pays? (édité et préfacé par Naomi Fontaine), Montréal, Mémoire d’encrier, 2020].
Autres publications
Innutipatshimunissa tshe apatshitatau innuauassat : Ka mashinaitshet, La Macaza, Centre d’Élaboration des Programmes, 1975.
Innutipatshimunissa tshe apatshitatau innuauassat, La Macaza, Centre d’Élaboration des Programmes, 1975.
Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / I Am a Damn Savage suivi de Tanite nene etutamin nitassi? / What Have You Done to My Country?, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 2020 [traduction de Je suis une maudite Sauvagesse et de Qu’as-tu fait de mon pays? par Sarah Henzi].
En revues et anthologies
« Ces terres dont nous avions nommé chaque ruisseau », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 5, no 2, 1975, p. 2-3.
« Témoignage », Rencontre, vol. 3, no 1, 1981, p. 14.
« Petites histoires montagnaises », Rencontre, vol. 4, no 3, 1983, p. 14-15.
« Petites histoires montagnaises II », Rencontre, vol. 4, no 4, 1983, p. 8-9.
Tracer un chemin : Meshkanatsheu / Écrits des Premiers peuples, sous la direction d’Olivier Dezutter, Naomi Fontaine et Jean-François Létourneau, Wendake, Hannenorak, 2017, p. 22-26, 91, 115-118 et 143-144.
Bis Petitpas, « L’influence du livre Je suis une maudite sauvagesse d’An Antane Kapesh [Entretien avec Naomi Fontaine] », Bonjour la Côte, ICI Première, 14 août 2019, en ligne.
Gala de l’Académie de la vie littéraire 2020 – An Antane Kapesh [Avec Karen Pinette Fontaine], Mathieu Arsenault, 4 mars 2020, en ligne.
« Été d’écrivain : entrevue avec Naomi Fontaine, auteure et enseignante », émission Dessine-moi un dimanche, Radio-Canada, 16 août 2020, en ligne.
« An Antane Kapesh : Je suis une maudite Sauvagesse », balado de la série La vie secrète des libraires, 13 mai 2020, en ligne.
« An Antane Kapesh lue par Naomi Fontaine », Tracer un chemin : textes et musique, Salon du livre des Premières Nations, Kwahiatonhk!, novembre 2020, en ligne.
« Qu’as-tu fait de mon pays, d’An Antane Kapesh », balado Cercle de lecture, animé par Eve Bastien, avec J. D. Kurtness et Webster, Kwahiatonhk!, novembre 2021, en ligne.
Autour de Je suis une maudite Sauvagesse
Andrée Rainville, « Une maudite sauvagesse », Progrès-Dimanche, 10 octobre 1976, p. 59.
Christian Allègre, « Viscères, sonates et écotypies », Mainmise, novembre 1976, p. 32.
André Major, « An Antane Kapesh : une “maudite” sauvagesse », La Seigneurie, 24 novembre 1976, p. 38; Le livre d’ici, vol. 2, no 5, 1976, p. 1.
Joseph Risi, « Parutions récentes : Je suis une maudite sauvagesse», Québec Science, décembre 1976, p. 47.
[Anonyme] « La Maudite Sauvagesse et l’Euguélionne s’attirent les éloges de la critique », Progrès-Dimanche, 19 décembre 1976, p. 16A.
Paule Lebrun, « Du côté de la petite histoire : Je suis une maudite sauvagesse », Châtelaine, vol. 18, no 1, janvier 1977, p. 10.
Renée Rowan, « Je suis une maudite innu-iskueu », Le Devoir, 10 janvier 1977, p. 12.
Céline Saint-Pierre, « Les études sociales », University of Toronto Quarterly, vol. 46, no 4, mai 1977, p. 507-515.
Gérard de Cortanze, « Je suis une maudite sauvagesse », Révolution, 18 février 1983.
« Je suis une maudite sauvagesse », dans Tomson Highway, From Oral to Written: A Celebration of Indigenous Literature in Canada, 1980-2010, Vancouver, Talonbooks, 2017, p. 329-330.
Myriam St-Gelais, « La genèse et le parcours de Je suis une maudite Sauvagesse / Eukuan nin matshi-manitu innu-iskueu d’An Antane Kapesh », Littoral, no 13, automne 2018, p. 142-145.
Jean-François Villeneuve, « La colère d’An Antane Kapesh, toujours aussi pertinente 43 ans plus tard », Espaces autochtones, Radio-Canada, 9 août 2019, en ligne.
Dominic Tardif, « Un livre vaut mille statistiques », Le Devoir, 7 septembre 2019, p. D24, également en ligne.
Marie-André Gill, « Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse d’An Antane Kapesh », Nuit blanche, no 156, automne 2019, p. 10-11.
Jean-François Villeneuve et Anne-Marie Yvon, « Dix livres pour découvrir la littérature autochtone », Espaces autochtones, Radio-Canada, 22 novembre 2019, en ligne.
Claudia Larochelle, « Les 10 livres de 2019 qu’il faut à tout prix avoir lus », L’actualité, 19 décembre 2019, en ligne.
Joséphine Bacon et Julie Depelteau, « An Antane Kapesh, Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse », Nouveaux Cahiers du socialisme, no 24, automne 2020, p. 256-258.
Maud Cucchi, « An Antane Kapesh, une grande voix de l’anticolonialisme portée au théâtre », Radio-Canada, 21 mai 2021, en ligne.
Alex Noël, « Kapesh : retourner les armes », Spirale, no 276, été 2021, p. 16-21.
Valerie Henitiuk, « Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / I Am a Damm Savage and Tanite nene etutamin nitassi? / What Have You Done to My Country? », Tulsa studies in women’s literature, vol. 40, no 2, automne 2021, p. 414-417.
Autour de Qu’as-tu fait de mon pays?
Jean Didier Fessou, « Un autre réquisitoire indien », Le Soleil, 8 novembre 1979, p. C10.
Raymond Giroux, « “Je ne veux plus qu’on m’appelle Québécoise” (An Antane Kapesh) », Le Soleil, 22 novembre 1979, p. B7.
Clément Trudel, « Une Mère Courage montagnaise », Le Devoir, 22 novembre 1979, p. 18.
Denise Lapointe, « L’Atelier NCT présente la pièce Qu’as-tu fait de mon pays ? », L’Artisan, 3 novembre 1981, p. 54.
Robert Lévesque « An Antane Kapesh : Qu’as-tu fait de mon pays? », Le Devoir, 14 novembre 1981, p. 32.
Martial Dassylva, « Un texte dramatique qui n’en est pas un », La Presse, 27 novembre 1981, p. B9.
[Anonyme], « Qu’as-tu fait de mon pays? », Rencontre, vol. 3, no 2, 1982, p. 5.
« Qu’as-tu fait de mon pays? », dans Tomson Highway, From Oral to Written: A Celebration of Indigenous Literature in Canada, 1980-2010, Vancouver, Talonbooks, 2017, p. 277-278.
Sylvain Campeau, « Avis aux Kauitenitakushiht! », En toutes lettres, 26 février 2021, en ligne.
Victor Piché, « Le roman de la colonisation brutale », Chroniques littéraires des Carnets de la Chaire de recherche du Canada sur les dynamiques migratoires mondiales, Université Laval, 17 mars 2021, en ligne.
Caroline Bertrand, « 11 suggestions pour lire autochtone en juin », Journal Métro, 6 juin 2023, en ligne.
Commentaires et études
Diane Boudreau, Littérature et société montagnaises, Mémoire (M.A.), Université de Sherbrooke, 1984.
Diane Boudreau, « An Antane Kapesh, la mémoire montagnaise », Châtelaine, vol. 24, no 9, avril 1988, p. 200 et 202.
Diane Boudreau, « L’écriture appropriée », Liberté, vol. 33, no 4-5 (196-197), « Liberté aux Indiens [Dossier] », août-octobre 1991, p. 58-80, également en ligne.
Diane Boudreau, Histoire de la littérature amérindienne au Québec : oralité et écriture, Montréal, L’Hexagone, 1993, p. 119-146.
André Major, « An Antane Kapeh : Une “maudite” sauvagesse », Le livre d’ici, vol. 2, no 5, août 2000.
Basma El Omari, « Dépossession territoriale et autohistoire : l’écriture des Autochtones du Québec », dans Pierre Ouellet (dir.), Le soi et l’autre : l’énonciation de l’identité dans les contextes interculturels, Québec, Presses de l’Université Laval, 2003, p. 133-148.
Luís Domínguez, Cultural Resistance and Native Testimonio in the Americas: A Study of the Life Stories by Juan Pérez Jolote, Nuligak Kriogak and An Antane Kapesh, Mémoire (M.A.), Université de Sherbrooke, 2012.
Isabelle St-Amand, « Le pouvoir de la parole, d’An Antane Kapesh à Réal Junior Leblanc », Littoral, no 10, 2015, 73-75.
Julie Gagné, « Qu’as-tu fait de mon pays? d’An Antane Kapesh au théâtre : le rire comme exutoire de la dépossession », Littoral, no 10, 2015, p. 107-112.
Nicolas Beauclair, « Hétérogénéité et pensée frontalière dans la littérature amérindienne : expression de la décolonialité », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 46, no 2-3, 2016, p. 35-44, également en ligne.
Joëlle Papillon, « Apprendre et guérir : les rapports intergénérationnels chez An Antane Kapesh, Virginia Pésémapéo Bordeleau et Naomi Fontaine », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 46, no 2-3, 2016, p. 57-65, également en ligne.
Sarah Henzi, « “La grande blessure” : legs du système des pensionnats dans l’écriture et le film autochtones au Québec », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 46, no 2-3, 2016, p. 177-182, également en ligne.
Isabella Huberman, « An Antane Kapesh : quand la littérature autochtone s’énerve! », CHOQ-FM, 12 janvier 2017, en ligne.
Amélie-Anne Mailhot, « La perspective de l’habitation politique dans Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu d’An Antane Kapesh », Recherches féministes, vol. 30, no 1, « Femmes autochtones en mouvement : fragments de décolonisation [Dossier] », 2017, p. 29-45, également en ligne.
Ralph Elawani, « Faites circuler : Sur l’idée du Christ chevauchant un dinosaure », Lettres québécoises, no 169, printemps 2018, p. 72-73.
Isabella Huberman, « “Si ce n’est pas moi” : écrire à la jonction du soi et de la communauté chez An Antane Kapesh et Natasha Kanapé Fontaine », Studies in Canadian Literature / Études en littérature canadienne, vol. 43, no 1, 2018, p. 108-127, également en ligne.
« “Il n’y a que moi qui connaisse ma vie” : le récit polémique d’An Antane Kapesh », dans Isabella Huberman, Pratiques et poétiques des histoires personnelles dans les littératures autochtones francophones au Québec, Thèse (Ph. D.), Université de Toronto, 2019, p. 65-77.
Natasha Dagenais, « Reclaiming Indigenous Space through Testimonial Life Writing: An Antane Kapesh’s Je suis une maudite Sauvagesse as Territorial Imperative », dans Roxanne Rimstead et Domenico A. Beneventi (dir.), Contested Spaces, Counter-narratives, and Culture from Below in Canada and Québec, Toronto, University of Toronto Press, 2019, p. 188-211.
Jacques L. Boucher, « D’An Antane Kapesh à Thibault Martin », Littoral, no 14, automne 2019, p. 132-134.
Élise Couture-Grondin, « Life Writing, Positions, and Embodied Criticism: Relating to an Antane Kapesh’s and Mini Aodla Freeman’s First-Person Narratives », Studies in American Indian literatures, vol 32, no 3/4, 2020, p. 107-128.
José Mailhot, « An Antane Kapesh, la naissance d’une écrivaine », Shushei au pays des Innus, Montréal, Mémoire d’encrier, 2021, p. 11-39.
Corrie Scott, « La blanchité sous la loupe des écrivains autochtones », Voix plurielles, vol. 18, no 2, 2021, p. 35-51, en ligne.
Myriam St-Gelais, « La prise de parole », Une histoire de la littérature innue, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Isberg », 2022, p. 29-42.
Ana Kancepolsky Teichmann et René Lemieux, « Traduire le genre dans Je suis une maudite sauvagesse d’An Antane Kapesh », Les Cahiers Anne Hébert, no 18, 2022, p. 70-86, en ligne.
Isabella Huberman, « Le savoir autohistorique : traditions intellectuelles et discours sur le colonialisme », Histoires souveraines : poétiques du personnel dans les littératures autochtones au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2023, p. 77-119.