Chaque jour de la 9e édition du Salon du livre des Premières Nations, Kwahiatonhk! vous offre en exclusivité un nouveau texte de fiction autour de la thématique « Survivre au temps ». Cinq auteurs, cinq nations, cinq visions. Aujourd’hui : « La remplaçante », de la comédienne innue Eve Ringuette.
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La remplaçante
d’Eve Ringuette
Il était tôt, le soleil n’était pas encore levé. On était devant la gare d’autobus et on attendait que l’autocar de Marie-Claude arrive. Celle-ci s’amusait avec la boucle d’oreille perlée que j’avais accrochée à mon rétroviseur.
‒ J’aimerais tellement ça que tu m’en fasses un jour.
‒ Quand j’aurai le temps, je t’en ferai une paire. Mais pas comme celle-là : c’est ma mère qui l’a faite et c’est un peu trop compliqué pour mes talents de débutante.
L’autobus arriva, j’enlaçai fort Marie-Claude, qui partait un mois en mission humanitaire à l’étranger. C’était la première fois qu’on se séparait aussi longtemps depuis notre technique en soins infirmiers, durant laquelle on était devenues de très bonnes amies.
‒ Merci, merci, merci, merci !! Tu sais que je pourrais pas faire ce voyage sans ton aide !
‒ Ben oui, c’est pas comme si tu m’avais donné le choix.
Marie-Claude m’avait suppliée de prendre en charge pendant son absence un des patients qu’elle soignait à domicile. Pierre avait un cancer du pancréas métastatique. Il ne lui restait pas beaucoup de temps à vivre, quelques semaines au plus. Elle le décrivait comme un homme charmant, poli et qui ne causait aucun problème. Il n’avait ni famille, ni femme, ni enfants ; il était connu au village pour sa générosité et pour le bénévolat qu’il avait fait auprès des jeunes dans les camps de scouts. Marie-Claude était sûre qu’on s’entendrait bien puisqu’on aimait tous les deux aller dans le bois.
Ce n’était pas faux : depuis mon jeune âge, mon père m’emmenait dans le bois et m’apprenait notre culture. La transmission de nos traditions était pour lui très importante. Il faut dire qu’il n’avait pas le choix de me traîner un peu partout après la mort de ma mère, survenue quand je n’avais que quatre ans.
Puisque je n’avais pas beaucoup d’heures de travail au village, j’avais accepté de m’occuper de Pierre. De plus, il payait un extra pour que je l’aide un peu dans la maison, à préparer le dîner et le souper et à faire un minimum de ménage. Tant qu’à être là, je me disais que ça ferait passer le temps un peu plus vite.
J’arrivai le premier jour un peu avant midi pour avoir le temps de préparer quelque chose à manger. J’entrai sans cogner puisque Marie-Claude m’avait donné la clé et qu’elle m’avait dit que Pierre savait que j’allais la remplacer. En entrant, j’aperçus Pierre dans son fauteuil au salon, qui me regardait d’un air surpris.
‒ Bonjour, je suis Shani. Marie-Claude vous a bien averti que je la remplacerais durant le prochain mois ?
‒ Beuh-euh, oui oui. Excusez-moi, j’avais oublié. J’ai l’impression qu’on s’est déjà vus quelque part…
‒ Je pense pas, mais peut-être qu’on s’est croisés au village.
Il avait l’air gentil. Un peu embarrassé par l’état de la maison, il n’arrêtait pas de se confondre en excuses. Il essayait de m’aider un peu à ramasser, mais j’avais vu bien pire. Après l’avoir rassuré et lui avoir fait comprendre que ça n’était pas grand-chose et que ça ne me dérangeait pas du tout, je m’attelai à la tâche tandis que lui s’assoyait dans son fauteuil. Il dut se rendre compte qu’il me fixait parce qu’à un moment donné, il se leva pour aller dans sa chambre. Je lui apportai son dîner et il passa le reste de l’après-midi enfermé. Il ne ressortit que pour le souper. Il m’invita à m’asseoir, ce qui me permit d’en apprendre un peu plus sur lui. Il n’avait pas eu la chance de rencontrer quelqu’un pour fonder une famille à cause de son travail. Il avait été camionneur toute sa vie, avait rencontré plusieurs femmes, mais n’avait jamais eu envie de s’engager.
‒ Mais assez parlé de moi. Si je ne me trompe pas, tu es une petite Indienne ?
‒ Oui, en fait, je suis Innue ; on dit pus « Indienne » quand on parle d’Autochtones.
‒ Oh, je m’excuse, je ne veux pas te blesser. Je ne connais pas beaucoup d’Innus, alors je suis encore ignorant à ce sujet.
‒ Y a pas de problème, y est jamais trop tard pour apprendre de nouvelles choses.
On se sourit, il m’écouta parler de ma famille, de mon père et mon frère et de l’habitude que nous avions d’aller à la chasse tous les automnes. Marie-Claude avait raison : on se rejoignait sur le sujet. Il m’expliqua que c’est son amour de la nature qui l’avait amené à être bénévole pour les scouts, il était très habile dans la survie en forêt. Il s’intéressa beaucoup à ma culture et au fait que nous ne gaspillons rien des animaux que nous chassons. Je lui montrai des photos de ma famille que j’avais dans mon cellulaire. Lorsqu’il vit une photo de ma mère, il afficha un air étonné.
‒ Oh, ça, c’est ma mère, c’était en 1997.
‒ Tu lui ressembles beaucoup… Je me rappelle cette horrible histoire, ça passait aux nouvelles sans arrêt. J’espérais qu’ils la retrouvent vivante. Ça a dû être difficile pour toi et ta famille.
‒ Oui, mais j’étais très jeune, alors je ne me rappelle pas tout, et mon frère n’était qu’un bébé. Mon père a trouvé ça très dur, il était obsédé par l’idée de retrouver le meurtrier de ma mère, et mon frère et moi on a dû habiter avec mes grands-parents pendant quelques années. Mais aujourd’hui, ça va mieux.
Il était tard, on n’avait pas vu le temps passer. Je ramassai rapidement la vaisselle et donnai à Pierre sa dernière dose de médicaments et d’antidouleurs de la journée avant de l’aider à se mettre au lit. Il avait insisté pour faire sa toilette lui-même ; Marie-Claude m’avait aussi spécifié que c’était un homme orgueilleux et fier, et qu’il mourrait avant de se faire « torcher » par quelqu’un d’autre. Ma première journée s’était plutôt bien passée, malgré les petits moments gênants durant lesquels il me regardait vaquer à mes tâches.
Les jours suivants, on continua de faire connaissance et on devint plus à l’aise l’un avec l’autre. Après deux semaines, je m’aperçus que son état se détériorait. Les antidouleurs faisaient moins effet et, même s’il tentait de cacher qu’il avait mal, sa démarche le trahissait.
‒ Pierre, veux-tu que j’appelle ton médecin pour voir s’il peut te prescrire quelque chose de plus fort ?
‒ Non, non, ça va, c’est à peine si je sens quelque chose.
‒ T’as pas à endurer la douleur, tu sais, il y a des médicaments pour ça et, en ce moment, c’est ce qu’on veut : que tu te sentes le plus à l’aise possible.
Je réussis à le convaincre de me laisser appeler son médecin, et celui-ci prescrivit un antidouleur plus fort que j’allai chercher la journée même. Pierre tomba endormi rapidement ; la douleur maintenant maîtrisée, son corps pouvait enfin se reposer. Le lendemain, il semblait en forme. Pendant que je préparais le dîner, j’entendis du vacarme dans sa chambre et je me dépêchai d’aller m’assurer qu’il ne s’était pas blessé. À mon arrivée, il se tenait devant sa penderie, plusieurs boîtes à chaussures tombées à ses pieds.
‒ Tout est beau, Shani, j’ai seulement échappé des boîtes en voulant en prendre une.
‒ Oh, je vais t’aider à ramasser tout…
‒ NON !
Pierre me répondit sévèrement et me jeta un regard froid. Il se dépêcha de me prendre par les épaules et me fit sortir de la chambre en me fermant la porte au visage. Je le laissai à ses affaires et j’allai lire un peu au salon en attendant de préparer le souper. Il n’était pas rare que Pierre s’enferme dans sa chambre, mais il n’avait jamais été aussi sec envers moi. Il prit son souper dans sa chambre et, plus tard, je lui préparai un verre d’eau et sa dernière dose de médicaments de la journée.
Quand j’arrivai devant sa porte de chambre, celle-ci était entrouverte et je jetai un coup d’œil à l’intérieur pour voir ce qu’il faisait. Agenouillé devant l’une de ses boîtes à chaussures, il marmonnait des mots que je ne pouvais pas comprendre, puis il renifla un objet provenant de la boîte ‒ un bout de tissu, me sembla-t-il. Un craquement à l’autre bout du couloir fit sursauter Pierre, qui s’empressa de cacher sa boîte dans une couverture et de la placer derrière toutes les autres boîtes sur la tablette de la penderie.
Après cela, pendant quelques jours, Pierre fut plutôt distant. On ne discutait pas autant qu’avant, je m’en tenais à mes tâches, je lui donnais ses médicaments, et lui passait son temps dans sa chambre. Je jetais parfois un œil dans la pièce pour regarder ce qu’il faisait et je le voyais, assis dans sa chaise berçante, dos à la porte, en train de marmonner. Il semblait un peu fou et méfiant envers moi. La pharmacienne m’avait dit que les antidouleurs pouvaient créer un peu de confusion chez le patient et que, puisque Pierre approchait de plus en plus de la fin, il pourrait commencer à vivre des épisodes de délire se traduisant par des conversations incohérentes, des mots ou réponses qui n’avaient pas de sens, ou des hallucinations, entre autres.
Voulant lui faire plaisir, je me dis que Pierre aimerait probablement passer un peu de temps dans le bois. Il y avait un sentier non loin de chez lui où je l’emmenai marcher. Les feuilles changeaient de couleur, l’air frais faisait du bien à respirer. Pierre était heureux, il me racontait quelques histoires de chasse et de survie en forêt.
‒ J’allais toujours chasser sur la terre de mon père. C’est loin et tranquille, dans le fond du bois. Je ne me faisais jamais déranger…
‒ Ça a l’air d’un endroit parfait pour se reposer de la civilisation.
‒ À un moment donné, je courais après ma proie, elle était blessée, mais elle en avait dedans. Je l’ai retrouvée des heures plus tard…
‒ On veut tellement pas blesser un animal pour rien, hein ?
‒ Non, c’est ça… Je m’en serais vraiment voulu si elle s’était enfuie.
Pierre passait un peu du coq à l’âne, histoires de chasse et expéditions de survie se chevauchant. Cette promenade lui avait par contre fait beaucoup de bien. Les jours suivants, je retrouvai le Pierre avec qui j’avais du plaisir à discuter. Nos conversations étaient parsemées d’épisodes de confusion, mais je ne crois pas que Pierre s’en rendait compte, alors je jouais le jeu pour qu’il reste à l’aise avec moi.
Au bout d’un moment, il dormait de plus en plus durant la journée. Je passais la plupart du temps à lire ou à regarder la télévision. Lors de l’une de ses siestes, j’entendis un « boom » provenant de sa chambre ; je courus voir ce qui se passait. Quelques boîtes étaient tombées de la tablette de sa penderie. Je les pris, les rangeai et j’aperçus, tout au fond, la boîte que Pierre avait cachée dans une couverture. Ma curiosité me poussa à la prendre et à la ramener au salon. Je ne pus m’empêcher de fouiller à l’intérieur. J’eus à peine le temps de voir qu’il y avait des photos de lui, de jeunes femmes, que j’entendis Pierre s’étouffer dans sa chambre. Je m’empressai d’aller le rejoindre pour lui donner de l’eau et le replacer dans son lit. Puis, quand il se rendormit, je partis en emportant la boîte de Pierre, intriguée par son contenu. Il ne s’en rendrait pas compte de toute façon : ces derniers jours, il restait au lit sans bouger.
Arrivée chez moi, après être allée souper avec des amies, j’oubliai presque la boîte. Il était tard quand je pus découvrir tout ce qu’il y avait dedans.
À mon retour chez Pierre le lendemain, je me forçai à avoir l’air normale pour qu’il ne se rende pas compte que j’avais pris sa boîte de souvenirs. Il n’avait plus la force de bouger de sa chambre, donc je lui apportais ses repas. Au souper, il me demanda de rester avec lui, mais je prétextai que je devais aller ranger la cuisine. Peu après, je l’entendis se lamenter dans sa chambre. Je l’écoutais. Il essayait de cacher sa douleur, mais elle devenait de plus en plus insoutenable : toute la journée, j’avais remplacé ses antidouleurs par des placebos. J’entendais dans sa voix tremblante la panique alors qu’il appelait de plus en plus fort mon nom. J’entrai dans sa chambre. Il me regarda d’un air désespéré.
‒ T’étais où ? Ça fait longtemps que je t’appelle. Je pense que les antidouleurs font plus effet du tout.
Je le fixai sans rien dire.
‒ Shani? Es-tu correcte ? ARGHH… Qu’est-ce qu’il y a ?
Son air piteux fit place au désarroi ; il venait de remarquer mes boucles d’oreilles.
‒ Quand ils ont informé mon père qu’ils arrêtaient l’enquête sur le meurtre de ma mère, ils nous ont redonné ses effets personnels. Il y avait seulement une de ses boucles d’oreilles, qui était tombée à côté de sa voiture. Ils n’ont jamais retrouvé l’autre. Mon père me l’a donnée…
‒ ARGHH. Je t’en supplie, Shani, aide-moi, j’ai tellement mal !
‒ Je l’ai accrochée à mon rétroviseur ; c’était comme si ma mère pouvait me protéger sur la route, puisqu’elle n’avait pas eu cette chance. Et quand j’ai vu l’autre boucle d’oreille de ma mère dans ta petite boîte…
Pierre essayait péniblement de se lever de son lit pour m’atteindre ; ses yeux étaient vitreux et sa respiration haletante. Il faillit tomber, mais je le rattrapai à la dernière minute pour le remettre dans son lit. Il laissa sortir un gros cri de douleur.
‒ Attention, Pierre ! Tu voudrais pas te tuer, voyons.
‒ Qu’est-ce qui se passe, Shani ? Je ne comprends pas.
‒ Arrête de me niaiser.
Pierre ne dit rien. Il fermait les yeux et essayait de se concentrer pour contrôler ses douleurs.
‒ Elle était tombée en panne. Tu t’es arrêté pour lui offrir de l’aide, je te gage, puis quand elle a pas voulu embarquer avec toi, tu l’as forcée ? C’est-tu ça qui s’est passé ?
Il faisait semblant de ne pas m’écouter et j’avais décidé de ne pas jouer à ce petit jeu. Je m’approchai de lui.
‒ T’sais, au stade où t’es rendu dans la maladie, c’est pas rare que les os se cassent tout seuls, des fois juste en se tournant dans son lit.
Je m’appuyai doucement sur sa jambe et un craquement se fit entendre. Pierre souffrait, il criait de toutes ses forces et se mit à pleurer puis à rire de façon incontrôlable, ce qui m’insulta, puis me troubla.
‒ Qu’est-ce que tu trouves drôle ?
Il me regarda en affichant un sourire démoniaque, comme s’il était possédé. Sa posture, étalé de travers comme il l’était dans son lit, donnait encore plus cette impression.
‒ Tu vas faire quoi ? M’enlever mes antidouleurs jusqu’à ce que je meure ? Me tuer de tes mains nues ? As-tu vraiment ça en toi ?
Pierre bondit sur moi et je sursautai. Il me faisait peur, mais il était affaibli, alors j’eus beaucoup de facilité à le repousser et il tomba sur le plancher. Il tenta avec désespoir de prendre le téléphone à côté de son lit, mais la ligne était coupée. Il devint enragé. Ses cris de douleurs étaient maintenant mélangés à des cris de frustration. Couché par terre, il me regardait avec haine ; j’avais l’impression de plonger dans les yeux de l’incarnation du mal, j’en avais la chair de poule, mais je restais assise dans le fauteuil berçant de sa chambre et je soutenais son regard.
‒ Au début, je voulais juste l’aider… Je m’étais juré de ne plus recommencer. Je sais que je suis un monstre. Elle ne voulait pas que je l’aide, puis elle m’a dit quelque chose en indien… J’ai rien compris, mais elle avait l’air de me regarder avec dédain. J’ai insisté, je voulais juste l’emmener au village pour qu’elle puisse appeler quelqu’un, mais elle ne voulait pas embarquer avec moi. J’ai essayé de la faire monter dans mon camion. Elle en avait dedans… Ça m’a mis hors de moi, puis elle est tombée, elle s’est blessée, mais elle est partie à courir dans le bois. J’étais sûr que je l’avais perdue… mais je l’ai retrouvée quelques heures après.
Il observait ma réaction et je sentis qu’il jubilait quand je compris qu’il parlait de ma mère cette fois-là, lors de notre promenade en forêt, où on avait discuté de la proie qui avait failli s’enfuir. Une colère intense brûla en moi et je lui donnai un coup de pied dans les côtes, puis un autre, puis un autre, puis j’éclatai en sanglots. Il gisait sur le sol, recroquevillé, la respiration sifflante.
‒ Vas-y, tue-moi si ça peut te faire sentir mieux. De toute façon, je suis sur le bord de mourir… Mais tu vas devoir vivre avec ça pour le reste de ta vie. Sais-tu comment tu vas t’y prendre ?
‒ Je te ferai rien, je vais prendre ta petite boîte et je vais l’apporter à la police. Au moins, les familles des six autres victimes pourront avoir des réponses à leurs questions. Puis tout le monde qui te trouvait don’ généreux va savoir qui tu étais vraiment.
‒ Tu penses qu’ils vont me mettre en prison pour les quelques semaines de vie qu’il me reste ?
‒ Non.
On entendit des pas remonter le couloir.
‒ Qui est avec toi ?
Un grand homme costaud aux cheveux longs entra dans la chambre, un air de férocité dans les yeux. Sa mâchoire était serrée, il se tenait debout et fixait Pierre directement dans les yeux. Il entra et déposa sur le lit un gros sac qui émit un bruit de métal.
‒ Je te présente Kapesh, mon père.
Son obsession pouvait donner l’air d’avoir disparu avec le temps, mais sa rage avait survécu. Je contemplai le visage de Pierre, rongé par la peur, ne sachant pas ce qui l’attendait.
‒ Mon père et toi avez des choses à régler. Je vais vous laisser à vos affaires.
J’embrassai mon père sur la joue et refermai la porte derrière moi.
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Innue originaire de Uashat mak Mani-Utenam, Eve Ringuette est comédienne. En 2010, elle se découvre une passion pour le jeu d’acteur lorsqu’elle obtient un premier rôle. En 2015, elle devient directrice de production pour Nish Média, en plus de tenir des rôles dans certaines productions de la société. En 2018, elle revient dans sa communauté et c’est à ce moment que naît le désir d’écrire. Elle scénarise et réalise deux courts métrages avec le Wapikoni Mobile et en est présentement à l’écriture de son premier long métrage d’horreur. En 2020, son texte Le couloir a été finaliste au Prix de la nouvelle Radio-Canada.